"On n’écrit pas un livre impunément. Il faut rendre des comptes."
Journaliste, pilier du quotidien Libération (de 1973 à 2007), dont il fut un des fondateurs, il a été chroniqueur judicaire et grand reporter au Moyen-Orient, notamment au Liban, et en Irlande du Nord. Ses papiers sur le conflit opposant le Royaume-Uni et l’Irlande et sa couverture du procès de Klaus Barbie à Lyon lui ont valu le Prix Albert Londres en 1988. Il a reçu le Prix Médicis en 2006 pour Une Promesse, le Grand prix du roman de l'Académie française en 2011 pour Retour à Killybegs et le Prix Goncourt des lycéens pour Le Quatrième mur. A l'occasion de la Fête du livre du Var, je lui ai posé quelques questions sur son lien avec ses lecteurs et le rôle des salons littéraires.
Pourquoi vous rendez-vous dans les salons du livre ?
« On n’écrit pas un livre impunément. Ecrire confine à l’orgueil, par conséquent il faut rendre des comptes. Régulièrement, j’ai besoin de me retrouver en prise directe avec les gens à qui j’ai eu l’orgueil de proposer un roman, c’est fondamental. En tant qu’auteur, je ressens la nécessité de m’expliquer. J’adore ces lieux, le festival encore plus que la librairie, c’est un défilé de lecteurs qui veulent savoir pourquoi on fait cela, pourquoi on a écrit cela. A chaque salon, je me retrouve à nu, c’est le lieu par exemple où les lecteurs peuvent espérer des réponses en direct, en face à face. »
Vos lecteurs vous sont-ils fidèles en vous suivant salon après salon ?
« Je me sens très soutenu par les salons et les librairies en général, pas vraiment la presse parisienne. On se suit depuis 20 ans. Oui, les gens sont fidèles, surtout à ce que j’écris, c’est cela le plus important. Ils me demandent où j’en suis et j’aime les tenir au courant avant même la sortie du livre. On n’écrit pas pour faire plaisir mais les salons me permettent de sonder les gens, de mesurer leurs attentes pour entendre jusqu’où ils seraient prêts à me suivre. Avec Enfant de salaud, je referme le livre de l’intime, de la trahison, le livre du père. Dans le prochain que je suis en train d’écrire, je fais un retour à la fiction, à la littérature pure. Même si dans une fiction, il y aura encore quelque chose de moi, un peu de ma colère. »
Le petit plus d’un grand salon populaire par rapport à une librairie ?
« Les gens qui viennent écouter des auteurs en librairie savent pourquoi ils viennent, ils ont déjà le livre avec eux ou ont la ferme intention de l’acheter. Dans un salon, c’est l’inverse, ils viennent sans savoir ce qu’ils attendent. Ils veulent être étonnés, qu’on leur explique. Avec les jeunes, le face à face est extraordinaire. Certains de mes textes sont programme au lycée ou du bac français (Le Quatrième mur), et je rencontre parfois des gamins tout étonnés de me voir en chair et en os. Ils se rendent compte qu’ils ont étudié un auteur vivant ! Pour moi c’est unique, dans un salon, le lecteur approfondit sa relation à l’auteur ou découvre un auteur. »
Paroles recueillies par Nathalie Six
>> Venez l’écouter vendredi à 14h sur la scène « Regards d’auteurs », avec Sébastien Gnaedig « Du roman à la bande dessinée »
>> Samedi à 15h sur la Scène littéraire pour son Grand Entretien
>> Dimanche à 11h30 sur la Scène littéraire avec Jean-Claude Bauer « Le procès Barbie : deux anciens journalistes témoignent »
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